Le château de Cujac

Pour récompenser les vétérans de leurs légions et pour leur assurer une retraite convenable, les empereurs romains leur attribuaient des terres dans les pays conquis. C'était, de plus, un excellent moyen de colonisation. Ces domaines prenaient, en général, le nom de leur nouveau propriétaire qui, modifié au cours des siècles a, bien souvent, gardé une terminaison en "ac". On peut supposer que ce fut l'origine de Cujac.

Après le Moyen-âge, c'était une maison forte dont la dîme était perçue par le Chapitre de Saint-André à Bordeaux. Au début du 13e siècle, Arnaud, seigneur de Blanquefort, l'en déposséda, mais pour peu de temps car, en 1234, cette dîme fut rétablie par son successeur Arnaudin.

Plus tard, cette maison fut la propriété du chevalier Pierre Lambert. En 1393, elle fut partagée entre Guilhem Ays de Fronsac, damoiseau, et Archambeau de Grely (ou Grailly).

Mais le chapitre de Saint-André y revint sans doute, puisque, au début du 18e siècle, un chanoine de ce chapitre en était le possesseur, Peak de Peare. Il fit construire, à proximité du château, une chapelle, dont il ne reste rien sinon un lieu-dit "Capéran" ou "Capellan" situé à proximité d'un autre lieu-dit appelé "La Garde" où se tenait probablement un service de gardiennage.

Vers le milieu du siècle dernier, une légende disait que "lorsque la nuit est bien noire et que l' heure des spectres a sonné, le voyageur qui passe prés des ruines peut voir un autel avec des cierges allumés et un vieux prêtre qui officie ... C'est dit-on, l'ancien chanoine qui vient dire la messe dans la chapelle, comme autrefois."

Le chanoine y recueillit sa sœur Marguerite, sa belle-sœur demoyselle de Gyac, veuve de Pic de Père (nom francisé) -1655/1743 - qui fut ensevelie dans l'église, et sa nièce Renée Pic de Père (1691-1765), elle aussi ensevelie dans l'église.

Renée, demoyselle de Cujac, vendit la propriété à Jacques Raby, armateur à Bordeaux, consul de la Bourse. Celui-ci fit démolir la maison forte vers 1767 et construire le château actuel sur les plans de Victor Louis qui avait déjà bâti le grand théâtre de Bordeaux.

Thérèse Raby, fille de l'armateur, épouse Charles Brunaud qui sera maire de 1811 à 1815. Leur fille Thérèse Brunaud, marraine de la cloche baptisée en 1789, épouse Eugène Langlois. Jusqu'à sa vente à M. Dussedat, le château Cujac appartint à la famille Langlois, comme celui de Villepreux.

Texte extrait du livre du René-Pierre Sierra, Chronique de Saint-Aubin-de-Médoc, juin 1995, éditeur mairie de Saint-Aubin-de-Médoc, p 79-81.