Démographie de 1740 à 1789
En l'absence de toute autre documentation, voici le relevé des baptêmes, mariages et décès des principales années de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, à partir de 1740 qui paraissant avoir été une année normale peut servir de terme de comparaison :
Baptêmes :
1740 : 50
1760 : 33
1770 : 45
1771 : 43
1775 : 48
1780 : 39
1783 : 45
1789 : 49
Mariages :
1740 : 18
1760 : 18
1770 : 6
1771 : 5
1775 : 6
1780 : 9
1783 : 15
1789 : 6
Décès :
1740 : 28
1760 : 44
1770 : 42
1771 : 65
1775 : 31
1780 : 25
1783 : 34
1789 : 39
Dans les années 1760, 1770, 1771, la mortalité infantile est considérable : aussi la plupart des décès sont-ils des décès d'enfants. On ne possède aucun renseignement sur la cause de cette mortalité si élevée. À noter que le nombre des baptêmes atteint le point le plus bas en 1760 pour remonter ensuite peu à peu jusqu'à revenir au chiffre de 1740 en 1775 mais surtout à partir de
L'instruction officielle de l'Intendant de 1770 prescrit que la manière d'évaluer la population par les naissances est de les multiplier par 25 dans les campagnes. Ce procédé donne pour Saint-Médard et pour 1770 : 45 x 25 = 1 125 habitants. Beaurein cite un dénombrement d'après lequel il y avait en 1770 à Corbiac (section de) 126 feux et 147 dans le reste de la paroisse. Toujours d'après cet auteur, on compte quatre à quatre et demi habitants par feu, ce qui donne un total de 504 + 588 = 1 092 habitants ou 567 + 661 = 1 228 habitants, suivant que l'on emploie l'un ou l'autre de ces facteurs. Enfin, le curé Resplaudy, qui n'a pas l'air bien fixé sur ce point, fait mention de 1 300 à 1 400 habitants. Il semble que les chiffres de 1 100 à 1 200 soient les plus rapprochés de la réalité.
Dans le courant de l'année 1772, le cardinal de Rohan, archevêque de Bordeaux, envoya un questionnaire aux curés de chaque paroisse. Voici les réponses qu'y fait le curé de Saint-Médard : à l'assemblée foraine des curés de l'archiprêtré près de Moulis, tenue le 2 mars, le sieur Théodore Resplaudy, curé de Saint-Médard, dit des pauvres, a été appelé comme vicaire forain de cette congrégation. Le curé de Saint-Médard est Jean Théodore Resplaudy, le vicaire actuel est Antoine Linars.
Étendue de la paroisse : environ 13 lieues de circonférence ; l'église est à deux lieues de Bordeaux. Village : il y a 10 différents villages, deux hameaux et une quinzaine de maisons isolées. La paroisse est surchargée de mendiants : il y en a 70, en outre beaucoup de journaliers qu'il faut entretenir car ils sont malades (ce que nous appelons maintenant Assistance Publique était alors à la charge exclusive du clergé). Nombre de paroissiens : de 1 300 à 1 400 parmi lesquels il y a environ 800 communiants.
Chapelles : il y a trois chapelles dans l'étendue de la paroisse. Le service d'une des trois doit être fait à Saint-André, celui des deux autres à Saint-Seurin. Toutes trois sont séculières. Il y en a là une quatrième dont le Pouillé ne parle pas, fondée par M. Dufau, évêque de Luçon, dont le service doit être fait par la cathédrale de Luçon. J'ignore le revenu des trois premières. Il y a pourtant apparence qu'il consiste en fonds et rentes confondues dans les fonds des différents seigneurs de la paroisse. Un tènement considérable appelé Astignan avec toutes ses rentes, fiefs et vacants fait la dotation de la quatrième et ce sont les demoiselles de Montaigne, dames et justicières d'une partie de la paroisse qui jouit de ce tènement, on ne sait comment. Un titulaire les ferait sans doute déguerpir. Adresse la plus sûre et la plus prompte pour recevoir les dépêches du secrétariat : M. Delmestre, Courtier Royal au Chapeau Rouge. Signé : Resplaudy curé, Linars vicaire.
Bien que le différend existant entre le seigneur de La Salle et le curé Resplaudy en 1746 au sujet de l'échange des dîmes d'Hastignan et de Gajac fût réglé depuis longtemps, le ressentiment du curé contre la famille de son adversaire éclate à chaque mot. Il est vrai que Resplaudy, originaire du diocèse de Toulouse, avait le sang chaud des méridionaux. On doit aussi tenir compte de l'animosité qui existait alors entre le bas clergé et la noblesse en général. Toutes ces raisons expliquent bien le ton acerbe de Resplaudy d'autant plus déplacé et inattendu qu'il s'agit de renseignements d'ordre purement administratif, dirait-on aujourd'hui. Resplaudy écrit « qu'il y a dans la paroisse 10 différents villages et de hameaux. Or, le procès-verbal de visite de 1734 les énumère comme suit : le principal endroit est le bourg où il y a 20 maisons. Les villages sont : Le Lignan, Issac, Sérillan, Hastignan, Gajac, Magudas, Corbiac. »
Soit avec le bourg, huit villages et non pas 10 comme l'affirme Resplaudy. Ces inexactitudes s'ajoutant aux chiffres fantaisistes donnés par lui au sujet de la population, ainsi qu'à la distance séparant Saint-Médard de Bordeaux évaluée à deux lieues montre qu'il ne faut pas avoir une confiance absolue dans ces renseignements.
En 1774, aux grandes perturbations atmosphériques qui amenaient des disettes terribles et fréquentes s'ajoutent à la fin de 1774 un autre fléau, une grande épidémie sur les bêtes à cornes. Elle commença du côté de Bayonne et dura jusqu'en 1776. La mortalité du bétail était si considérable que les paysans éprouvaient d'extrêmes difficultés pour l'enfouissement des bêtes assommées pour cause de contagion. On dut faire appel à la troupe pour creuser les fossés et désinfecter les étables ; un supplément de 10 sous pour prix était accordé aux soldats qui faisaient ce travail. Des indemnités étaient données aux propriétaires d'animaux abattus qu'ils fussent malades ou présumés tels. Les propriétaires d'animaux malades ou simplement suspects devaient en faire la déclaration dans les 24 heures. Enfin, les foires et marchés furent suspendus et les troupeaux contaminés mis en quarantaine. Le montant de la perte pour la seule province de Guyenne fut évalué à 6 millions de livres : perte de bétail d'abord, perte sur la culture des terres par manque de fumier et de labour ensuite. Il ne sera pas sans intérêt de connaître la décision que prit de sa propre initiative le procureur du seigneur de Martignas et qui intéressait plus particulièrement deux de nos concitoyens, notables commerçants de ce temps…
Notes du docteur Arnaud Alcide Castaing sur la paroisse de Saint-Médard-en-Jalles sous l’Ancien Régime et sur la commune de la Révolution au XXème siècle, dossier familial, 1946, 270 pages, p.45-47.
Autre article sur le site sur ces années-là : Une curieuse épidémie de 1774