La gare de Saint-Médard entre souvenirs et actualité brûlante.

 

 

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Trop c'est trop, le 17 juillet 1876, les élus municipaux de Saint-Médard expriment leur exaspération : en un seul mois, ils ont comptabilisé le passage sur leur commune de 2 400 charrois chargés de « produits des Landes ». Aussi réclament-ils haut et fort une ligne de chemin de fer qui dégagera leurs routes et chemins de ces quelque 80 passages quotidiens ! Les édiles ont gain de cause et les travaux commencent en 1884. La liaison avec Bordeaux se fera très rapidement : le 21 décembre 1885, mais il faudra patienter jusqu'en 1905 pour atteindre, dans l'autre sens, Lacanau.

Le trafic des voyageurs durera jusqu'en 1954 (les cars et les voitures auront raison du train) mais la ligne demeurera en service jusqu'en 1978 pour satisfaire aux besoins de la poudrerie.

Là où beaucoup de voies ferrées ont disparu, où les gares ont été remplacées par des lotissements ne laissant pas même un souvenir, en Gironde un choix différent a été fait à l'aube des années 1980 : l'emprise de l'ancienne voie ferrée de Lacanau deviendra une piste cyclable longue de 60 kilomètres. Elle démarre aujourd'hui sur les quais de Bordeaux, au niveau du pont Saint-Jean, chemine jusqu'à Bruges (le lac), poursuit par Eysines, Le Haillan, Saint-Médard, Salaunes, Saint-Hélène, Saumos, Lacanau-ville, Le Moutchic, Lacanau-Océan.

Au départ de Saint-Médard, la gare est devenue une halte de repos pour les cyclistes ; elle accueille dans ses murs un restaurant (Le Café de la gare, bien sûr, à la cuisine reconnue), voit se dérouler des manifestations culturelles (le week-end dernier, c'était le Festival des pays du Sahel).

L'histoire ne s'y est pas figée : au mois de juillet, le maire de Saint-Médard, Jacques Mangon, a proposé de réutiliser l'ancienne voie ferrée, dans la traversée de la commune, pour y faire passer la ligne D du tram (la piste cyclable serait reconstruite en parallèle). Son prédécesseur avait lancé la même idée il y a quatre ans.

Tram ou pas, au départ de Saint-Médard, les cyclistes en finissent avec l'urbanisation. L'immensité de la forêt s'offre à eux. Il n'est pas rare de croiser chevreuils et écureuils ; à l'approche des rares habitations, l'odeur des grillades a remplacé le souffle chaud charbonneux de la locomotive. L'une d'elles, un modèle belge de 1913, a justement pris sa retraite à la gare cycliste, qui sera peut-être aussi le futur terminus du tramway.

 

Article du journal Sud-ouest du 14 août 2014, Hervé Pons.