Les routes et les chemins 

Les routes départementales, appelées sous l'ancien Régime « routes royales de troisième classe » sont, à l'aube de la Révolution, souvent impraticables, parfois même à peine tracées. Bien que sous le Premier Empire l'état des routes éveille la sollicitude de l'administration, aux environs de 1820, les voies pavées ou empierrées sont rares et les routes de terre encore nombreuses.

C'est sous le baron d'Haussez, préfet de la Gironde de 1824 à 1829, qu'est achevée la route de Bordeaux à Saint-Médard-en-Jalles. En 1838, l'ingénieur en chef du département présente un projet de restauration pour dix-neuf routes départementales dont celle traversant notre commune, ce qui nécessite enfin la construction de l'actuel pont sur la Jalle, à Gajac, en 1849-1850.

Déjà, en mars et mai 1843, le conseil municipal, suite aux réclamations de ses habitants, « présente à l'administration supérieure l'impérieuse nécessité de prolonger la route départementale n°7 depuis Saint-Médard jusqu'à La Canau ». La partie existante, devenue impraticable par suite de son état d'abandon, est défoncée, recouverte d'ajoncs et de bruyère, ce qui paralyse le commerce de bois de feu et de construction. Cette départementale deviendra voie à grande circulation n° 107 en 1876.

Depuis la loi du 21 mars 1836, les communes sont chargées de l'entretien des chemins vicinaux et peuvent, à partir de 1838, souscrire des prêts pour leur restauration, ce qui est indispensable. En effet, les réclamations et pétitions de nos concitoyens engendrent des délibérations municipales où chaque cas évoqué se heurte à la question du financement.

En novembre 1869, suite à une pétition du quartier, le conseiller municipal du village de Gajac sollicite auprès de ses collègues une aide financière pour une réparation urgente du « chemin de la lande le long du domaine de monsieur Le Cosquinot de Bussy » (actuellement rue Charles-Capsec, en bordure du complexe sportif Robert-Monseau). Apparemment, la participation communale est minime, car la réfection de cette voie ne se réalise que grâce à une souscription émise au sein du village (219 francs) et au concours de la main-d’œuvre du quartier.

Outre les souscriptions du Lignan en 1876, d'Astignan en 1880, de Corbiac en 1909, les habitants concernés versent quelques deniers et participent, toujours bénévolement, à l'entretien de la voirie, à l'extraction des pierres dans les carrières (Touban, Caupian, Gamarde...) et à leur charroi. La commune ne possède que peu de ressources, aussi propose-t-elle parfois de vendre des excédents de matériaux, proches des chemins, pour effectuer leur réparation.

Nous relevons cependant, dans une délibération de 1909, que le conseil municipal décide d'allouer 50 francs à chaque village pour les chemins ruraux. La réfection des chemins, empruntés trop fréquemment par les services des Poudres et les militaires des camps, surtout en période de conflit, constitue de très lourdes charges pour notre commune. Aussi, les différentes municipalités ne se privent point de signaler ces états de fait aux administrations concernées, en les sollicitant pour l'obtention de subventions compensatrices.

Texte extrait de : Saint-Médard-en-Jalles au fil du temps. Ville de Saint-Médard-en-Jalles, 1999, 180 pages. Repères historiques par René Daix et Lucien Vergez, p. 30-31.