Des métiers d’hier 

Le moulange des grains en 1793 

Observations de la municipalité de Blanquefort concernant le moulange des grains dans l’étendue de son territoire.
1° il existe sur ledit lieu de Blanquefort trois moulins à eaux, de deux meules chacun,
2° il n’y a point de moulins à vent,
3° les boulangers payaient en l’année 1790 pour droit de moulange par boisseau blé, froment ou seigle, mesure de Bordeaux : douze sols,
4° les particuliers pour le même droit : quinze sols,
5° les chefs de moulins prennent en nature le droit de moulange pour les autres espèces de grains, on ne peut donc fixer le droit en monnaie courante à l’époque du mois de mai 1790.
Certifié véritable à Blanquefort le 6 novembre 1793, l’an 2 de la République. Saincric, maire. Ferri, secrétaire. Correspondance AD L410, p.4 – 6 novembre 1793.
Texte extrait du registre des délibérations de l’administration du canton de Blanquefort registre 5, transcrit par Martine Le Barazer.

Le rémouleur 

Il venait une fois par mois, traversant tous les villages de la région. Il s’installait place de l’église et nous lui apportions couteaux et ciseaux à aiguiser. Il réparait aussi des faïences avec des agrafes et étamait les couverts.

Peaux de lapin 

J’entends encore dans mes oreilles la voix de celui qui parcourant la campagne achetait les peaux de lapins… « peaux de lapins, peaux… peaux de lapins, peaux… », chantait-il… Je me souviens, nous l’entendions de loin, nous courrions prévenir nos parents qui apportaient les peaux de nos lapins morts en civet, maintenant séchées, bourrées de paille, prêtes à être vendues.

Le charbonnier 

Il menait son cheval et sa charrette, chargée de sacs de jute plein de boulets de charbon et de bois pour les cuisinières et les poêles et recouvert sur la tête et les épaules, pour se protéger de la poussière noire, d’un sac de jute décousu qui lui faisait un capuchon. Je me souviens que malgré ses précautions, les fines rides de son visage, autour de son sourire étaient soulignées de noir. Je me souviens du tonnelier, du charron, du sabotier, du maréchal ferrant, des chevaux attachés qui attendaient en frappant leurs sabots sur le sol et de l’odeur de la corne brûlée. « Il s’appelait Jean Dedieu ».
Extrait de : Le petit Blanquefortais illustré, supplément d'actualité de l'exposition : La mémoire de Blanquefort. 1ère année, n°1, octobre 1994.

La filature de soie 

Avant 1869, une filature de soie a existé à Blanquefort, dans le quartier des sables de Chante-Coucou, au lieu-dit des Pins. Les prairies étaient plantées de nombreux muriers, dont les derniers spécimens ont disparu vers 1980, lors de la création du lotissement.
Dans une vente de M. et Mme Fau à M. Ginouilhac, le 8 août 1869, devant le notaire de Blanquefort, Maitre Courregeoles, le sieur Jean Fau, cultivateur à Blanquefort, et la dame Marie Campagne, son épouse, demeurant au lieu des Sables Chante-coucou à Blanquefort, agissant avec le sieur François Carrerot, laitier, ont vendu à M. Jean Emile Fortuné Ginouilhac, propriétaire, ancien négociant armateur, demeurant à Bordeaux, rue de Grassi,
- une chambre et un chai, le tout contigu, situé au lieu des Sables Chante-coucou à Blanquefort (noté en marge au crayon : partie de la mère Mme Janicot),
- un petit terrain en jardin, même lieu, ayant une largeur de 12 m au nord et 10 au midi,
- un autre terrain en jardin situé au lieu de Virebouc,
- les droits de propriété et d’usage qu’ont les vendeurs sur une fournière et la place commune au couchant d’icelle dit lieu des Sables Chante-coucou, observant que la dite place a 8 mètres de largeur à partir du mur de la dite fournière, en entrant par le chemin public vers midi jusqu’à la borne faisant l’encoignure du chai du sieur Carrerot,
- le droit de puisage au puits situé à ce dernier lieu, appartenant à la succession Dongey,
- les droits qu’ont les vendeurs à un terrain de forme triangulaire situé au même lieu de Chante-coucou, servant ou ayant servi à une filature de soie et connus sous le nom de grange dans le partage de la dite famille Dongey, confrontant…
 
Pour l’exploitation des jardins, il existe un passage d’1 m 33 cm de large. Ces biens ont été acquis par le dit Fau de la dame Elisabeth Gougeon, épouse assistée et autorisée du sieur Guillaume Sol, garçon de commerce, rue Planturable n° 73 à Bordeaux…
Succession de l’aïeule de Lagrange (acte du 11.07.1823 Maitre Courrégeoles). Prix de 200 F pour Carrerot et 2 000 F pour les époux Fau.
En 1894, le souvenir de la filature perdure dans un acte notarié : dans son testament du 25 juin 1894, M. Ginouilhac dit en son point 8 : « Je donne à Noémie Janicot, notre femme de chambre, née le 12 décembre 1873, la somme de 8 000 F, plus un petit immeuble, composé de deux petites maisons communiquant, l’une de ces maisons a servi jadis de filature à soie et a été convertie en auberge, l’autre maison est une grande pièce au couchant de l’ancienne filature et y attenant et communiquant, le tout occupé actuellement par un locataire qui y tient auberge. Ce petit immeuble ainsi que le petit jardin derrière au nord et séparé par la place commune est situé à Blanquefort au lieu des Sables ou Chante-coucou ».
soie
[Testament olographe de M. Ginouilhac du 25.06.1894 déposé chez Me Desclaux de Lacoste, notaire à Bordeaux, (3E 31 866 aux archives départementales) suivant acte de ce dernier du 21.05.1896 (3E 31 888]

La culture de l’ananas à Bordeaux et à Blanquefort 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, on cultivait des ananas à Bordeaux depuis le XVIIIe siècle. Cette assertion n'est pas une boutade !
Les ananas faisaient bien partie des desserts sur les grandes tables bordelaises. Connu d'abord sous forme confite puis frais, ce fruit originaire d'Amérique tropicale, fut cultivé en Espagne dès le XVIe siècle. Il n'apparut dans notre région qu'au moment du développement du commerce avec les Antilles. Louis XV, lui-même, « trouva ce fruit très bon ».

En 1718, Labat de Savignac, conseiller au Parlement de Bordeaux, séduit par la saveur de ce fruit exotique fait ramener des Caraïbes plusieurs plans d'ananas (Archives départementales de la Gironde-8J48). Réservé à l'élite, cette culture restera cependant assez confidentielle, mais elle réapparut au début du XIXe siècle, époque où il fut possible de construire des serres en fer offrant une plus grande surface vitrée. Plus tard la découverte du Thermosiphon (chaudière produisant de la vapeur) permit une meilleure production.

Un document extrait des archives de la Société d'horticulture de la Gironde nous apprend que M. Cayrou réussit à faire prospérer dans sa propriété de Talence 28 pieds d'ananas de trois variétés différentes, « toutes de la plus belle végétation ». C'est en 1856 que les œilletons avaient été plantés en pleine terre à 50 centimètres d'intervalle. Une chaleur constante de 28° à 30° était maintenue par de puissants « réchauds » en fumier de cheval (sic) de 80 centimètres d'épaisseur fréquemment triturés et renouvelés tous les mois, sauf en juillet et en août. Huit à neuf charrettes de bon fumier en décomposition étaient nécessaire chaque année pour atteindre cette température ! Il fallait aussi renouveler régulièrement l'air des serres et des châssis. Bref ! Ce n'était qu'à ce prix qu'il était possible d'obtenir de beaux fruits arrivés seulement à maturité au bout de presque 34 mois…
En améliorant ses recherches, Monsieur Cayrou pensait rendre la culture de l'ananas moins onéreuse afin de la populariser dans nos contrées.

Les idées « d'industrialiser » sa production germait dans les esprits. Certains pensaient même que ce fruit deviendrait assez abondant en France pour qu'il puisse concurrencer les produits indigènes… Il en fut autrement.

Sur la rive droite de la Garonne, cette culture passionna également la famille Guestier. Sur leur domaine agricole de Bel-Sito à Floirac, une serre chaude lui était spécialement dédiée. 40 pieds d'ananas produisaient de beaux fruits « qui avaient un goût bien supérieur à ceux ramenées par les steamers dans le port de Bordeaux » (SHG 1879). En 1879, le négociant Guestier reçut pour cette excellence une médaille d'argent par les sociétés agricoles.

Le banquier Piganeau, propriétaire du château de Dulamon à Blanquefort en cultivait lui 62 pieds de l'espèce Ananas Martinique Comte de Paris.

L'arrivée régulière de bateaux rapportant ces fruits en grosse quantité et à vils prix, finit par décourager ceux qui avaient crus au succès et au développement de cette culture. « La différence était tellement considérable autant sous le rapport du goût que celui du parfum qu'on n'hésitait pas à préférer les ananas cultivés en serre ». Les terribles hivers de 1879 et 1880 (une température de -22 degrés fut relevée à l'observatoire de Bordeaux) anéantirent probablement ces plantations expérimentales qui ne furent plus jamais d'actualité.
Article paru dans le journal Sud-ouest du 5 avril 2011, par Cadish.

Une lisseuse repasseuse, 1930 

Parmi les commerçants regroupés près de l'église Saint-Martin en face de la poste, se côtoient un dentiste, une bouchère, une lisseuse repasseuse... Marguerite Ferry dite « Guiguite » est une figure emblématique du quartier. Fille d'un géomètre ayant construit notamment les lignes de chemin de fer d'Artouste et de Mauléon, elle naît à Blanquefort en 1899. L’histoire a voulu que Marguerite ne se marie jamais, car à la mort de son père, sa mère lui dit : « maintenant, c'est toi qui vas t'occuper de moi ». Mlle Ferry a pratiqué vaillamment le métier de lisseuse repasseuse durant de nombreuses années, rue Gambetta. Une femme formidable, très avenante aux dires de ceux qui l'ont connue... Sa boutique était attenante à celle de la bouchère, Mme Racary, située à l'angle de la rue (à l'emplacement de l'actuelle banque). Les deux femmes étaient très proches et très complices.

Une anecdote raconte que la bouchère filait voir la repasseuse dès qu'elle se fâchait avec son mari. « Guiguite » repassait le linge plat habituel (torchons, draps, nappes, serviettes... ) ainsi que le linge nécessitant un apprêt comme les cols cassés des chemises d'hommes sur lesquels il ne fallait pas oublier de mettre une épingle avant livraison, pour préserver la tenue.                                   Elle s'occupait aussi du linge demandant un repassage en forme, comme les cornettes des sœurs du lycée Saint-Michel qu'elle amidonnait en échange d'un repas quotidien.                                       Un travail de femme, certes, mais un travail rude, en raison des instruments lourds et dangereux à manipuler. Pour faire chauffer ses fers, « Guiguite » les installait sur un grand poêle cylindrique en fonte, appelé « cloche de repassage », qu'elle remplissait de charbon. Pour évaluer la température de ses fers, elle les rapprochait de son oreille, c'est pourquoi elle finissait toujours par avoir la joue rouge.

Chaque année au mois de mai, la fête de Blanquefort battait son plein. Cette fête était l'occasion pour certains commerçants de réunir la famille et les amis autour de grands repas conviviaux.          Mme Racary, la bouchère, organisait des festins pour 50 personnes, aidée par ses amies du quartier dans la bonne humeur.

« Guiguite » elle aussi, organisait des repas sur sa grande table à repasser.
Un soir, Gaston et Fernand, deux frères du quartier, se sont assis sur les marches de la boucherie et ont fait du tapage. Ne parvenant pas à s'en débarrasser, la bouchère vida son pot de chambre sur leurs têtes du haut de sa fenêtre, pour les faire déguerpir. Le stratagème fut efficace.

Une autre anecdote raconte que la blanchisseuse n'a jamais voulu se faire soigner les dents, alors que le dentiste, M. Gadrat se situait à proximité de son atelier.                                                    Marguerite Ferry est décédée à La Réole le 2 octobre 1983 et inhumée à Blanquefort. Très connue et très appréciée en son temps, elle inspire encore de bons souvenirs aux gens qui l'ont côtoyée (propos recueillis auprès de Monsieur Pericat, le neveu de Marguerite Ferry)
 

Les éléments nécessaires au travail de repasseuse étaient importants :  des fers pleins ordinaires de différentes tailles, des fers à tuyauter (pour réaliser des plis), des fers à glacer, des fers à plastronner, des fers à coque (fers de forme cylindrique permettant de repasser les manches et coiffes)... A cela s'ajoutait les indispensables porte-fers en fonte, en fer émaillé ou en aluminium, mais aussi des poignées en tissus ou en cuir avec de la tôle à l'intérieur pour tenir les fers, des bassines émaillées pour faire cuire l'amidon, sans oublier les patemouilles pour les lainages et les pattesèches pour les délicats, etc.
Extrait de : Equinoxes et Solstices, date ? 2004, n° 13, p. 24-25. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.

L’évarronneur 

Vous vous souvenez peut-être du sonneur, du garde-champêtre ou du fontainier, autant de métiers communaux aujourd’hui disparus.                                                                                              Mais peu connaissent le rôle de l’agent évarronneur nommé par le maire, chargé par arrêté préfectoral d’organiser des « campagnes d’évarronnage » sur sa commune. Même le Petit Robert les a oubliés. Selon son compère Larousse, le nom masculin « évarronnage » vient de varron et définit « la lutte contre les larves de varrons, par pulvérisation de produits chimiques sur la peau des bovins contaminés ». Il y a encore une cinquantaine d’années, ce traitement était appliqué manuellement par des agents évarronneurs.

L’hypodermose bovine.
Egalement appelée la maladie du varron, l’hypodermose bovine est due au développement, chez les bovins, de larves de varrons. Ces mouches pondent en bas des pattes, leurs larves pénètrent dans la peau et transitent dans les muscles. Cette infestation se caractérise principalement par la formation de nodules qui apparaissent au printemps sur le dos des bovins. Du mois de mars au mois d’août, les larves passent par l’orifice du nodule et quittent le dos des bovins. Un nouveau cycle peut alors recommencer et d’autres larves infester le bétail.

Des pertes économiques importantes.
Une croyance fort répandue au XIXe siècle affirmait que le varron ne pondait que sur les plus belles bêtes. Le fait d’être varronné était pour un bovin un brevet de qualité. Mais au début du XXe siècle, des éleveurs plus avisés se rendent compte que les larves de ces mouches portent un tort considérable au rendement de leurs bêtes. Les pertes au niveau national se chiffrent par centaines de millions de bêtes au début des années 40. « Les bêtes parasitées étaient amaigries, affaiblies, ce qui provoquait une chute des productions de lait et de viande, sans compter tous les trous le long de la ligne du dos qui dépréciaient fortement le cuir », témoignent André et Élisabeth Picou, exploitants agricoles retraités, âgés respectivement de 86 et 89 ans. La lutte contre le varron devient alors une préoccupation majeure des éleveurs français.

Des campagnes s’organisent.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, un centre national de lutte contre le varron est créé par décret pour mettre en place et contrôler la lutte contre l’hypodermose bovine. Son budget est alimenté par une taxe sur le prix des peaux versée par les tanneurs. Désormais, en Gironde, comme dans chaque département, une commission de surveillance de la lutte contre le varron se réunit chaque année, sous la présidence du préfet, pour fixer les modalités des campagnes à venir. Un arrêté préfectoral impose aux maires d’organiser l’évarronnage sur leurs communes.
Des agents évarronneurs nommés par le maire : ainsi, par arrêté préfectoral du 16 décembre 1946, « est nommé Agent Évarronneur, M. Dedieu Jean, demeurant à Blanquefort et exerçant la profession de maréchal-ferrant ». Bien d’autres lui succèderont : Albert Paillasse, maréchal-ferrant demeurant à Caychac (1947), Pierre Rivière, bourrelier de Caychac (1948, 1949), M. Daugas (1952), André Perrin (1953), Lucien Robin (1960)… ou encore un certain André Picou, nommé agent évarronneur municipal le 10 novembre 1953 : « Nos terres étaient situées sur l’actuel golf de Pessac, nous avions une centaine de bêtes, explique Élisabeth Picou. Mon mari était impliqué au sein du syndicat agricole. Il était assez connu dans le secteur et venait jusqu’à Blanquefort pour aider à faire les foins ». « Nous nous réunissions à la Maison du paysan, située rue Esprit-des-Lois à Bordeaux, poursuit son mari. C’est là qu’on m’a proposé cette mission à Blanquefort. À l’époque, il n’y avait quasiment que des fermes sur la commune ».

Un évarronnage manuel printanier.
L’intervention des agents évarronneurs sert avant tout à couper le cycle d’évolution du varron. Les arrêtés municipaux successifs stipulent ainsi qu’entre le 15 janvier et le 15 mai, « l’agent évarronneur est chargé de visiter, par deux fois, tous les bovidés se trouvant sur le territoire de Blanquefort et de soigner ceux qui sont atteints de la maladie du varron ». « Les soins consistaient à tondre autour des bosses, explique André Picou, et à appliquer de la pommade insecticide fournie par la direction des services vétérinaires ». À partir des années 50, l’utilisation de nouveaux produits de synthèse à base de phosphore va limiter l’intervention des évarronneurs à une unique visite avant le 30 avril de chaque année. « Nous laissions un peu de produit aux propriétaires afin qu’ils poursuivent eux-mêmes le traitement ». Les arrêtés municipaux prévoient que suite à sa visite, « l’agent évarronneur, sur présentation de sa carte de services, perçoit des propriétaires ou de leur représentant l’indemnité à laquelle il a droit, conformément au tarif fixé par arrêté préfectoral. « L’indemnité était calculée en fonction du nombre de bêtes traitées, mais difficile de vous dire à combien elle s’élevait. Entre les francs lourds, légers, puis les euros, je suis perdu… »
L’évarronnage manuel printanier va finalement laisser place dans les années 60 à des traitements préventifs. « Le progrès a libéré les exploitants agricoles. Maintenant tout est mécanique, mais dans les années 50, on faisait encore à la main ». Les progrès ont permis de trouver de nouveaux traitements plus efficaces et la mission des évarronneurs s’est éteinte.
Extrait de : Équinoxes et Solstices, mars 2010, n° 38, p. 28-29. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.

Le bouilleur de cru 

À Blanquefort, on se souvient du bouilleur de cru qui venait s’installer à côte du lavoir, à l’angle de l’avenue de Général de Gaulle et de la rue Gabriel Lamboley, à l’emplacement du centre commercial actuel. En témoignent des photos de M. Liaubet, prises en 1967, et l’on peut remarquer l’ancien lavoir (structures en bois et bordure du bassin).
« Un bouilleur ambulant est une personne habilitée à produire ses propres eaux-de-vie. Ce n'est pas une profession mais un statut qui découle du statut de propriétaire récoltant (ne pas confondre avec distillateur qui est une profession). Certains bouilleurs ambulants bénéficient d'une allocation en franchise leur donnant droit à une exonération de taxes sur les 1 000 premiers degrés d'alcools pur qu'ils produisent. C'est ce que l'on nomme « privilège », et par abus de langage « droit de bouillir ». En France, depuis 1959, ce privilège n'est plus transmissible par héritage, et s'éteindra donc au décès des derniers détenteurs. Depuis 2008, les bouilleurs de cru ne bénéficiant pas du privilège sont taxés à 50 % sur les dix premiers litres d'alcool pur et ensuite à 100 %.
La distillation : les alambics (généralement en cuivre) sont à feu nu, au bain-marie ou à la vapeur. On y sépare les produits de distillation : les produits de tête, trop âpres (et contenant une certaine quantité de méthanol dangereux pour la santé), et les produits de fin de distillation (« produits de queue » ou « petites eaux »), moins parfumés et moins alcoolisés, qui sont récupérés et distillés avec les prochaines cuites.
La distillation des eaux de vie était jadis réalisée par un distillateur avec un alambic ambulant ou fixe mais, depuis l'industrialisation, ce métier tend à disparaître car les coûts de revient de production industrielle sont plus compétitifs.
La réglementation : les personnes ayant le « privilège de bouilleur de cru » ont une exonération de taxe sur les mille premiers degrés d'alcool produits (1 000 ° d'alcool soit l'équivalent de vingt litres d'alcool à 50 °). Les degrés supplémentaires font l'objet d'une taxe (17,1861 € depuis le 1er janvier 2014).
En France, toute personne propriétaire d'une parcelle ayant la dénomination de verger ou de vigne sur le registre du cadastre peut distiller les produits issus de cette parcelle (fruits, cidre, vin, marc). La distillation est effectuée dans un atelier public ou privé après avoir effectué une déclaration au service des Douanes et Droits Indirects. Les personnes qui ne possèdent pas le titre de bouilleur de cru payent dès le premier degré d'alcool : le tarif est de 8,5931 € par litre d'alcool pur jusqu'à mille degrés, et 17,1861 € par litre d'alcool pur au-dessus.
Le propriétaire d'une parcelle peut donner procuration à quelqu'un qui distillera ainsi en son nom.

Création de ce métier : le privilège de bouilleur de cru remonte à Napoléon lorsqu'il accorda un privilège d'exonération de taxes pour la distillation de 10 litres d'alcool pur ou pour 20 litres d'alcool à 50 %. Ce privilège fut héréditaire jusqu'en 1960, où, pour tenter de limiter le fléau de l'alcoolisme dans les campagnes mais aussi sous la pression des lobbies de grands importateurs d'alcool fort ou producteurs français, le législateur en interdit la transmission entre générations ; seul le conjoint survivant pouvait en user jusqu'à sa propre mort, mais plus aucun descendant.
Dès lors, les bouilleurs de cru non titulaires du privilège pouvaient faire fabriquer leur alcool par le distillateur ambulant mais devaient verser une taxe fiscale au Trésor public via l'administration des douanes à partir de 1993.
En 2002, une loi de finance indique que la franchise accordée aux bouilleurs de cru encore titulaires du privilège est supprimée ; cependant une période de cinq ans prolonge jusqu'au 31 décembre 2007 l'ancien dispositif. À partir de la campagne de distillation 2008, les anciens titulaires du privilège peuvent encore bénéficier d'une remise de 50 % sur la taxe pour les 10 premiers litres d'alcool pur (article 317 du code général des impôts).
Un nouvel amendement voté au Sénat proroge le droit sur les 10 premiers litres jusqu'au 31 décembre 2010. La Loi 2011-1977 du 28/12/2011 « proroge » le bénéfice des 1 000 degrés jusqu'au décès du titulaire (ou de son conjoint). »
Texte extrait de Wikipédia.

Une quincaillerie intemporelle 

Au fil des ans et de leur développement, la physionomie des villes change, tant sur le plan de l'habitat que sur celui des commerces. Création, transformation, reprise... le tissu commercial des villes est en perpétuel mouvement. Toutefois, certains sont en place depuis des décennies et sont devenus de véritables points de repère au sein des communes. À Blanquefort, c'est notamment le cas pour la quincaillerie-droguerie située rue de la République.

Le « bazar » d'antan a certes évolué avec son temps mais lorsque l'on pousse la porte, on ne peut que retrouver son âme d'enfant face à la sensation de pénétrer dans une sorte de caverne d'Ali Baba des temps modernes.
Entre les objets « oubliés » : élastique de fronde, martinet, diable à châtaigne, pot de chambre, filet à commission, piège à souris..., les « traditionnels » : coutellerie, vannerie, grill bordelais, attendrisseur à viande en bois, ou encore ceux à usage quotidien : visserie, serrurerie, plomberie produits d'entretien, peinture..., les yeux ne savent où se poser. Une atmosphère intemporelle émane de cette quincaillerie et de son comptoir derrière lequel un regard exercé reconnaîtra ici des aiguilles artisanales pour le cuir, les matelas, la tapisserie..., là un peson ou encore des cardans de tournebroche.
Ces objets associés à une grande diversité de produits permettent ainsi de satisfaire de nombreux besoins : de l'amateur de confiture à la recherche de la bassine adéquate au bricoleur en panne de disques à poncer en passant par les chineurs soucieux de trouver la cire adaptée pour leurs dernières trouvailles.
Petite histoire de la quincaillerie. Fabienne et Georges Penalva sont les gérants de la quincaillerie. Ils ont pris la succession de M. Debacque. Le commerce a été créé par M. Ariola au début des années 1940 qui a pris la suite d’une épicerie tenue par M. et Mme Boisserie.
Extrait de : Équinoxes et Solstices, juin 2012, n° 49, p. 28. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.