Les vacheries 

Les vacheries sont des bâtiments agricoles conçus pour l’élevage de vaches, structures liées le plus souvent à des châteaux. Leur rôle économique s’inscrit dans le cycle de la fumure de la vigne et de la production de lait pour le personnel lié à la vie du château.

Le style architectural assez grandiose en fait un marqueur social supplémentaire pour la bourgeoisie bordelaise quand elle vient se reposer dans ses terres médocaines, et une « saine » émulation a du pousser les propriétaires-châtelains à faire construire la plus belle et la plus grande de ces vacheries. Les styles de construction sont très proches, les porches de celles du Taillan et de Parempuyre étaient encadrés de tours carrées et décorées de briques ajourées.

À Blanquefort, le château Dulamon, le plus majestueux de la commune et le plus extravagant avec ses grottes de Majolan en point d’orgue, n’a pas dérogé à ce concours et nous avons la chance d’avoir hérité d’une superbe vacherie, acquise par la municipalité en 2008.

vacherie

Photo fonds privé Dublineau.

Dans la commune du Taillan, sur la propriété Cruse, le château de la Dame Blanche possède une vacherie du même genre et de la même importance que celle de Dulamon ; elle est située en contrebas près de la jalle en partie en voie d’abandon, une partie du toit du corps central a été arraché lors de la dernière tempête.

À Parempuyre, près du château Clément Pichon subsiste le porche de l’ancienne vacherie du château.

Laquelle de ces 3 vacheries est la plus ancienne ? La propriétaire de celle du Taillan pense que c’est la sienne, mais aucun texte à ce jour ne nous permet de le vérifier.

Il est vraisemblable que ces bâtiments sont encore nombreux autour de Bordeaux, mais nous ignorons s’ils ont fait l’objet d’un intérêt particulier et d’un inventaire. Il serait judicieux de les sauvegarder le plus possible.

Dans les fermes des paysans, l’étable pour les vaches, elle, reste l’appellation courante.

La construction de vacheries dans le contexte du 19ème siècle est le reflet d’une société et de son influence sur le tissu urbain et son rôle économique dans la commune : « en général, [un château] est une propriété secondaire d’agrément, à vocation vinicole plus ou moins marquée selon les époques et les propriétaires. Au-delà des styles, dépendant des modes et des goûts, elle a l’aspect d’une grosse maison bourgeoise, voire d’un château. Étant donné qu’il s’agit d’une propriété occupée en été pour servir de lieu de « repos » pour les Bordelais, elle possède un parc avec promenade dans le bois, des parterres. Mais sa vocation vinicole fait qu’elle est également une exploitation possédant des locaux à cette fin : chais, cuvier, bâtiments des charretiers, et le plus souvent vacherie produisant du lait et le fumier nécessaire aux vignes.

Esquisse d’une typologie d’une propriété du 19e siècle à Blanquefort (école d’architecture de Bordeaux, C. Drumain, B. Massie, Y. Le Gall, 1984.86).

Étymologie du terme Vacherie

Au sens propre, 4 définitions existent :

            - étable à vaches ;
            - lieu où se font la traite et la vente du lait ;
            - établissement agencé pour l’élevage des vaches et la production laitière ;
            - ensemble des vaches d’une exploitation. 

Grand Dictionnaire des Lettres.

« Vacherie : création d’après vache (vers 1205) de vacerie (vers 1160) [ce mot] a désigné un troupeau de vaches, ainsi qu’un droit de pacage pour les vaches (1380) ; vacherie signifie encore régionalement « étable à vaches » (1336). Il s’est dit en particulier (1549) d’un endroit où l’on vend le lait trait sur place.

Le Robert, Alain Rey, dictionnaire historique de la langue française, en 3 tomes, p 3983.

Agricole : ensemble des vaches d’une exploitation ; autrefois, étable à vaches.

Grand Dictionnaire Encyclopédique.

- Au sens figuré : (vieux) nonchalance, laisser-aller paresseux ; familier : méchanceté en paroles ou en actes ; (familier) sévérité ; (populaire) mauvaise qualité d’un objet ou encore chose pénible qui se produit malencontreusement ou d’une manière injuste.

Grand Dictionnaire des Lettres.

1867 : glissement vers « manière d’agir de façon animale » ; 1885 : émettre des méchancetés, saletés faites à quelqu’un.

CNRTL (centre national de ressources textuelles et lexicales)

Des sens figurés de vache viennent les emplois disparus pour « veulerie » (1867) et pour « maison de prostitution » (1884). Dire des vacheries, faire une vacherie à quelqu’un, spécialement dans vacherie de (suivi d’un nom), et aussi « situation pénible » ou même « chose mauvaise, de mauvaise qualité » (1916), cf. cochonnerie (contraire : gentillesse) : nouvelle dérivation comme pour le sens moderne « caractère d’une personne méchante », puis d’une « chose désagréable », et, par métonymie, « action, parole méchante » (1872).

Le Robert, Alain Rey, dictionnaire historique de la langue française, en 3 tomes, p 3983.

Le glissement vers le sens figuré du mot vacherie s’est imposé lentement : faire une « vacherie » (à cause de la bouse de vache ?).